Vis ma vie en école de commerce


Dans 15 jours, je termine mes études.


À moi la gloire, le champagne à gogo, les chambres d'hôtel trop grandes et les hommes de petite vertu. A moi les amplis, les robes, la lingerie et surtout, les hommes de petite vertu.

Ça peut paraitre un peu fou, beaucoup de mes amis commencent à être nostalgiques et à se dire "c'est la fin d'une époque, on ne se reverra plus" mais moi... J'AI TROP HÂTE.

Enfin, après 5 longues années d'études supérieures, je vais commencer ma vie de grande.

Je me prends à rêver de maison de banlieue avec Golden retriever et monospace, dans un patelin entre contraste et modernité, avec deux enfants intelligemment appelés Philéas et Perséphone. 

En fait non, pas vraiment, mais après avoir fait une école de commerce, il semblerait que ce soit ce à quoi je suis destinée.

Vis ma vie en école de commerce


Ça fait un petit moment que j'ai envie d'écrire un article bien longuet en mode "vérité vraie: Dire tout haut ce que tout le monde pense tout bas" sur mon expérience en école de commerce. Pourquoi? D'abord, parce que je vois passer 5 articles par jour à ce sujet et que ce sont tous des pompes à référencement vides de sens (dans ce genre là quoi). Et puis aussi parce que moi, il y a 3 ans, j'aurais bien aimé qu'on me dise ce qu'il se passait vraiment en école, sans que la personne à qui je demandais se sente obligée de survendre sa formation.

Donc voilà, parlons bien parlons vrai.

De l'enfer des classes préparatoires:

Je ne vais pas m'amuser à déblatérer sur le fait que, bouhouhou la prépa c'est dur. Oui, ça l'est. Je pense juste que certaines précisions s'imposent.
La prépa, c'est un passage quasi obligé pour rentrer en école de commerce. Quand tu viens d'un petit village d'Ardèche comme moi, tu te prends déjà ta première claque.
"Ah t'étais hyper douée dans ton lycée pourri? C'est fini, sorry".
Au bout de mon deuxième mois de prépa, mes rêves d'école normale supérieure se sont envolés et je me suis dit "Une école de commerce, c'est bien aussi". Là, on se prend clairement à rêver d'HEC sans même savoir de quoi il s'agit , et on s'imagine bosser chez L'Oréal. À la fin de tes deux années, tu passes les concours, tu n'as pas HEC et tu te dis juste "Non mais tant que je suis prise dans une école du top 10 c'est good".

J'ai pas HEC, mais mon école est classée huitième.

Parce que oui, tous les ans, les écoles sont classées.
Personnellement, je trouve que c'est une belle connerie. Le classement est fait sur des critères plus ou moins obscurs tels que l'excellence académique, la proximité des entreprises et l'excellence internationale... DA FUCK?
L'excellence académique de qui? La proximité des entreprises par rapport à quoi? L'excellence internationale de ta mère? Enfin, vous voyez le délire.
Tous les ans, t'as un mec chez L'Etudiant.fr, derrière son bureau de merde, dans sa tour de merde à Paris, qui va décider de ton avenir parce qu'il aura pondu trois pauvres sondages et n'aura jamais foutu les pieds dans ton école. Ça marche comme ça et quand ça va dans notre sens, on s'en accommode. 
Mais du coup, les classements ont un effet salement pervers. Les écoles se préoccupent à titre exclusif de ces chiffres qui paraissent tous les ans dans le Financial Times (le èfeutii pour les intimes) et vu qu'il y a plusieurs classements, ne diffusent que celui qui les arrangent.

ENFIN BREF, c'est de la pure manipulation de chiffres à visée commerciale, et à titre indicatif, c'est de la merde.

L'arrivée en école de commerce:

T'as passé les concours, les oraux, t'as choisi ton école, t'as emménagé dans une nouvelle ville, cool.
Perso, j'ai eu un choc quand je me suis rendue compte que j'avais accepté de partir dans une ville qui était PLUS AU NORD QUE PARIS. 


Reims, pas cool.

Les premiers jours sont faits de beuveries et de nouveaux copains. T'es un peu naïf donc tu ne comprends pas vraiment pourquoi des gens totalement random viennent te parler pour te demander si, par hasard, tu ne ferais pas un sport quelconque ou un instrument de musique.

"Si je fais de la musique? Ah oui oui! Je fais de la guitare. Tu veux faire du rock n roll?!"
"Guitare? Ah non, on a déjà, allez salut" 

Wait what?

Tu viens de faire ta première rencontre avec:

Le listeux:



  • Dans environ 60% des cas, les listeux sont des personnes ayant soif d'expériences associatives enrichissantes. Ils s'imaginent faire partie d'une association qui a pour seul but de faire kiffer les gens, et ils ont foncièrement envie de bien faire. Tu auras donc des soirées organisées toute l'année. Soirées auxquelles tu iras au début et dont tu finiras certainement par te lasser. Leur objectif: De bons évènements toute l'année. Leur passion: La musique, le sport ou... Heuuu ils font quoi les BDE ?
  • Les 40% restant, malheureusement, sont un peu différents. Ces autres listeux, ce sont ceux qu'on voit le plus. Ils ont besoin d'exister car dans leur enfance maman passait plus de temps dans l'abri de piscine avec le jardinier qu'à s'occuper d'eux. Ils ont de l'argent à perdre, et des copains à se faire. Ils s'investissent à fond dans la liste, que ce soit sur le plan sexuel ou financier. Ce sont ces gens trop cools, trop hypes, qui ne disent jamais non à un petit rail de coke (HAHAHA Mheuuuu non, je rigole, y'a pas de drogues en école de commerce!). Ils maitrisent parfaitement le concept de publicité, qu'elle soit bonne ou mauvaise. Ils sont concrètement aussi faux que les fleurs sur la tombe de mamie (punchline).

(Je laisse le soin à mes copains ex-listeux de déterminer la catégorie dont ils faisaient partie).

Les listeux, tu apprendras à les connaitre tout au long de ta première année. Ils font la pluie et le beau temps sans qu'on sache vraiment pourquoi. Par contre, en deuxième année, d'autres prendront leur place, et toi tu n'en auras vraiment plus rien à carrer.

Néanmoins, ce charmant listeux, n'est que le premier type de personnes que tu vas rencontrer en école de commerce. Personnellement, j'en compte au moins 3 autres.

  • Tout d'abord, mon préféré, celui qui fait mentir tes préjugés. Ces personnes qu'on pourrait classer (à tord peut être) comme lambda. Maman infirmière, papa charpentier, qui après une prépa et un prêt à un taux ridiculement bas, ont pu accéder à une école de commerce (qui coute quand même la somme de 10000euros l'année). Donc oui, ils vont partir dans la vie avec des mensualités à rembourser, mais après tout, ils auront fait une école de commerce quand même et auront sûrement un taf de cadre sup. C’est beau l'ascenseur social.


  • Il y a aussi, à l'opposé, cette catégorie de personnes que je déteste et qui te fait te rendre compte que les préjugés sur les écoles de commerce ont un fond de vrai. Est-ce que j'ai vraiment besoin de vous les décrire ces connasses qui partent en marketing du luxe, se prennent pour des bloggeuses mode et ont les meilleurs stages parce que maman travaille chez L'Oréal et papa chez Dassault? Non mais seriously, d'où t'as 5678 followers sur Instagram salope?! T'es moche putain! C'est ta particule qui paye pour ton école et ton quinoa hein, dis-le!


  • Et finalement, la majorité, ce qui sont entre les deux. Donc avec un peu d'argent oui, des parents cadres sup, les CSP+ comme on dit, mais qui restent des gens relativement sympas. Certes, la plupart ne m'accompagneront pas à des soirées bières/rock n' roll au fin fond de l'Isère, mais ils font au moins mine de s'y intéresser quand j'en parle.
Grave, continues à mettre des GIF dans ton article.

Les cours:

Sujet qui fâche.
Du haut de mes 23 ans (dans un mois, chippotez pas), après un passage en collège, puis lycée de campagne, une classe prépa à Lyon et une licence de droit en fac, je pense sincèrement que ça aurait pu être pire.

/////J'ai pris le parti de ne pas parler des cours de trajectoire individuelle et autres simulations/formations whatever, où on nous a fait faire des avions en papier, ces cours n'étant pas forcément représentatifs///// 

On ne retrouve clairement pas la même stimulation intellectuelle qu'on avait en prépa. On se tape des matières dégueux (comme le contrôle de gestion par exemple) qui te font te dire "Ah bha au moins je sais ce que je ne veux pas faire". Les profs sont pour la majorité déconnectés de l'univers professionnel car ils ont BAC+28 et les intervenants venus d'entreprise sont, eux, plus ou moins incapables d'enseigner. De temps en temps on tombe sur des pépites, mais c'est pas hyper souvent. 
Néanmoins, les cours nous permettent d'avoir des bases dans tous les domaines. En dernière année, tu te spécialises et tes cours sont un chouilla plus intéressants. Malheureusement, si tu choisis une spécialisation marketing, tu seras considéré comme un fumiste. A juste titre. On ne va pas se mentir, à part quelques travaux de groupes bien relous, on ne fout quand même pas grand chose. 
Ne nous méprenons pas hein! Perso, je trouve ça hyper formateur de se faire mépriser à l'école quand on fait du market, c'est de toute façon ce qui va nous arriver en entreprises!

Les relations avec l'administration:

 
Un niveau d'incompétence qui dépasse l'entendement

Je sais de source sûre que c'est une tannée partout, mais dans mon école fiiiiiiuuuuu... 
Je ne m'étendrai pas sur le sujet car dénigrer son école, c'est dénigrer son diplôme et donc chuter dans les classements et donc avoir un salaire plus bas (tu le sens le cercle vicieux?), mais quand même! Quand tu payes 10000euros ton année et que les filles de l'accueil se comportent comme si on était à La Poste ça fait moyennement plaisir.

"Quoi tu veux justifier une absence? Bha il me faut un mot de ton médecin en trois exemplaires et l'accord de ton directeur de programme"
"Alors déjà, mon directeur de programme je ne sais pas qui c'est et vous pensez pas qu'à mon âge je suis assez grande pour me rendre compte que manquer les cours exprès c'est débile?"

"Tu veux savoir qui est ton directeur de programme pour pouvoir justifier une absence? Désolé, je ne peux pas te donner cette information. D'ailleurs, on ferme, il est 15h30"

"Ah, ils veulent te prendre en stage à partir du 10? Bha non mais c'est pas possible, nous on peut pas te faire ta convention avant le 12, ça prend du temps, c'est dans 2mois"


MAIS VAS TE FAIRE FOUTRE UN OEUF!

Les bons cotés:


Parce que oui, je critique, je critique, mais je ne regrette pas une seule seconde d'avoir fait une école de commerce.

D'abord, parce que j'ai pu faire 2 stages supers, dans des boites où j'ai appris un milliard de choses (et plus encore) et où le petit logo école de commerce pesait sur le CV.

Ensuite, car je me suis fait un réseau. Les élèves d'abord, mais aussi les intervenants, les personnes que j'ai pu rencontrer en stage ou sur des événements (je viens d'ailleurs de passer un entretien où le mec m'a dit texto "Je t'ai appelé parce que t'as fait Neoma, comme ma femme, que je trouve merveilleuse". A se demander si le mec était sous la contrainte).

J'ai aussi appris de nouvelles méthodes de travail et un nouveau vocabulaire. En effet, il faut veiller à adopter une attitude proactive si on veut réussir à évoluer dans un environnement disruptif et mettre en place des techniques de CRM et de DMP facilitant l'inbound marketing sur des problématiques IoT. (Je me caresse)

Et enfin, l'étranger. Là, je ne parle pas de ce superbe métisse que tu as rencontré au détour de la machine à café, mais bien du fait que faire une école de commerce c'est l'assurance de partir au moins 6 mois à l'étranger, apprendre l'anglais, se confronter à de nouvelles cultures et rencontrer des gens.

Et ça franchement, ça n'a pas de prix! (Enfin si, autour de 30000euros). 

Cet article est potentiellement long et incomplet, mes excuses. Pour toute question relative à ma formation ou à mon tour de poitrine, se référer à mon CV (pour de vrai, je reçois régulièrement des mails d'inconnus concernant ma prépa, et je me fais toujours un plaisir d'y répondre, il en va donc de même pour mon école).

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