Une journée en enfer (Hellfest)






Et les mecs, si on passait notre samedi au Hellfest ?
Mais quelle idée à la con, se taper 1400km dans le week end pour une journée au Hellfest… Mais bon, comme dirait Brassens hein…
Nous voilà donc partis tous les 3 pour passer notre samedi au Hellfest. J’ai la jambe en vrac (je boite, je ressemble à un personnage custom de GTA apparement), on va dormir dans un formule 1 miteux avec douche et toilettes communes* mais bon… métoooooool.

*Vous noterez que je suis une petite nature, j’aime bien avoir mon petit confort, et ne pas avoir de toilettes dans ma propre chambre d’hôtel bon, ça m'agace…


Enfin bref, on n’est pas des gens tellement fans de métal. On est venus au Hellfest en touristes, parce qu’on a visiblement beaucoup trop d’argent et de temps à perdre.


De fait, on s’est fait notre petite liste de groupes à voir dans la voiture :
-Skindred
-Trepalium
-Fever 333
-Punish yourself
-DeadLand ritual
-Eagles of death metal
-Whitesnake
-Def Leppard
-ZZ TOP
-Kiss

Pour commencer, parlons organisation. Complètement bluffée. On parle de 60 000 personnes par jour sur site a minima (je sais pas si vous vous représentez le machin mais c’est 2 fois plus que les Eurockéennes hein, just sayin).
Un système cashless AUX PETITS OIGNONS. Sus aux petits jetons de merde qu’on te file dans tous les festoch de mon cul, ici, tu as un petit bracelet avec une puce, et tu recharges ton compte sur les internets. Ça va vite, on n’a pas eu à attendre nos bières (et c'est bien là l'important).
Des toilettes propres, sans trop d'attente : j'ai pu me soulager rapidement (coucou les filles), dans des toilettes dans lesquels IL Y AVAIT DU PAPIER.
Des points d'eau en veux-tu en voilà. Merveilleux.
Enfin, des concerts à la minute près. Donc ça a un côté frustrant, mais en même temps bon, on sait à quoi s’attendre.
D’ailleurs, concernant les concerts, je ne vous parlerai que des 3 qui m’ont vraiment marquée, ne me sentant pas du tout légitime pour parler métal.

Eagles of Death Metal :




J’attends ce moment depuis des années…

Je me suis mise à écouter les EoDM en 2014. Dernier semestre 2015, j’habitais à Reims. J’allais souvent à Paris. De fait, quand j’ai entendu que les EoDM passaient à Paris, un vendredi en plus… J’ai envoyé un sms à mon mec en lui disant de me rejoindre ce week end là sur Paris pour un moment de folie rock n roll.Quelques actes manqués plus tard, finalement on est restés chacun de son côté ce week end là, et sur le moment, j’étais bien dégoutée.

FIN BREF, on sait tous ce qui s’est finalement passé ce soir là, je suis restée en position foetale pendant des jours et, comme beaucoup, je ne m’en suis jamais vraiment remise (trêve de concours dans la souffrance hein, le premier qui me sors un « t’y étais pas, je vois pas comment t'as pu être traumatisée », je le marave).

J’ai jamais été trop sereine à l’idée de voir les EoDM depuis, en mode on peut tromper la chance une fois mais deux… Je ne suis pas superstitieuse ou autre hein, mais j’étais pas à l’aise.

Je suis néanmoins là samedi au Hellfest, submergée par l'émotion, aussi près de la scène que je puisse (tout en veillant à ne pas me retrouver dans un Wall of death impromptu). JE RÊVE de ce groupe depuis tant d’années. D’après Le Monde, sans les attentats, les EoDM n’auraient jamais eu les honneurs du Main stage. Dans les faits, j’en sais rien, mais ça me fait mal qu’on puisse dire ça. Le Monde, je te crache dessus.

C’est la première fois que les EoDM rejouent (sans compter les hommages) en France depuis le 13 novembre 2015. Après les propos de Jesse Hugues, plus personne n’en voulait.

D’ailleurs, petite parenthèse à ce sujet mais, OUI je suis au courant que Jesse Hugues a des idées et des propos à la con (même si quand on l’accuse d’être un suprémaciste blanc, je trouve qu’on va un peu loin). Néanmoins, je n’ai jamais entendu une chanson des Eagles of Death Metal proner des idées haineuses/racistes/mysogines (contrairement à des chansons de Keen’V, maitre Gim’s, Sardou… #LeTempsBéniDesColonies), les mecs font juste du rock n’ roll et n’ont jamais tué personne (contrairement à Cantat par exemple). Donc la bien-pensance française, merci mais non merci. Si on pouvait se détendre 2s au sujet de Jesse Hugues, ça me ferait bien plaisir (ou sinon on interdit tous les artistes ayant des idées un peu controversées, et on écoute Louane. Est-ce que vous voulez vraiment écouter Louane ?).

Bref, il fait chaud. Les titres s’enchainent, dont une reprise de David Bowie et un petit Ace of Spades du plus bel effet (surtout ici au Hellfest où une statue de Lemmy trône fièrement).





On sent un Jesse Hugues ému lorsqu’il retire enfin ses lunettes et remercie la foule (à 13min dans la vidéo qui suit). Il adresse un regard aux membres de l’asso au premier rang et presse le badge qu’il arbore contre son coeur. Mignon tout plein, mais surtout, important. Important de faire sobre aussi, car malgré toutes les souffrances passées, on est là pour se payer une tranche de rock n’ roll. Les EoDM c’est le groupe qui jouait au bataclan ce soir là, mais c’est surtout un groupe de rock merveilleux avec un chanteur charismatique, et finalement, c’est ça qu’on est venu voir. Hommage discret, sobriété, gros gros gros gros gros son, moment de poilade.

Jesse Hugues s’offre un bain de foule.

Regards échangés, coeur avec les doigts. Je suis aux anges.

Je passe sur écran géant. (13min et quelques) (Coucou Tony Steel).


Comme dit précédemment, les concerts sont millimétrés, pas le temps de niaiser. Ça se termine mais à ce moment là, Jesse Hugues, je t’aime de tout mon être.


ZZ Top :


On a l'air heureux hein


L’attente a paru durer des heuuuures. Je mettrais aisément ça sur le dos de la chaleur et d’un Def Leppard un peu trop old school à mon goût. L’excitation est à son comble. Je pense à LA scène de Retour vers le futur 3 (le plus pourri des 3 si vous voulez mon avis), et ils sont là, ce soir, en vrai, devant moi. JE N’EN PEUX PLUS. JE VEUX DES PUTAINS DE BARBES.

Le ZZ TOP 50th anniversary s’affiche.


Guitare tout en poils, elle aussi


Et là… BIM PIF PAF POUF. On en a vu de la double pédale pendant l’après midi, on en a vu des solos de guitares et des costumes. Mais là… Billy Gibbons est dans la place. La classe incarnée. Mieux que George abitbol. Je ne suis même pas sûre que vous puissiez imaginer ce concert en fait… Billy Gibbons, 69 ans, fait la leçon au Hellfest dans son ensemble.

Nul besoin de s’agiter dans tous les sens, les riffs s’enchainent, il se déhanche aux côtés de Dusty (cette synchronisation putain….) et fait péter les watts. On sent bien que les 3 texans se sont adaptés à leur public. Ils attaquent FORT FORT FORT. Ce rythme mon dieu, ce rythme. Ça parait simple et on sait pourtant que ça ne l’est pas du tout.

Décharge électrique en bas des reins. Mordillage de lèvre inférieure. Sentiment de puissance jamais égalé.




Un bon concert, c’est sexuel. Pas que Billy Gibbons me fasse « de l’effet » (quoique…) mais il m’a donné envie de hurler à la mort (ce que j’ai fait d’ailleurs en mode « Mais ouiiiii mais putaiiiin c’est ça qu’on veut »).

D’ailleurs, pour ceux que ça peut intéresser, on reconnait que je prends salement mon pied en concert quand : Je hurle, je fais du air guitare, air batterie, air basse. Et j’appelle ça le air mess (habile).

Le public chante dans tous les sens, notamment sur Gimme all your lovin qui donne le ton. Les mecs ne sont pas là pour enfiler des perles. Jeu de scène sobre mais efficace. Les mecs sont lookés comme jamais. Vestes à paillettes, bagues, bracelet, chapeaux, aucune faute de goût à l’horizon.

Billy s’offre même le luxe de se faire allumer un cigare en plein solo. Je suis sur le cul devant tant de classe. Le mec a tué le game en 2secondes.

Je pense à mon frèro quand Dusty s’adresse à Billy « Hey Billy, play that thing you always play. You know, THE THING ». Evidemment, ça part sur La Grange, le morceau que chaque kid qui joue un peu de la guitare a tenté de jouer à un moment ou à un autre. Et ça me fait quelque chose quand je repense à ces reprises pourries qu’on faisait étant gamins…

Je joins mes mains et prie littéralement le dieu Billy. 1h de show qui aura ravies mes oreilles. Merci la vie.

KISS :



On est un peu venus pour eux. On s’est toujours dit que KISS c’était un peu kitsch (euphémisme) mais ça promet un grand show. Paul Stanley a affirmé à la terre entière que ce serait leur meilleure tournée, on a envie de voir ça. Tout le monde a envie de voir ça.

Personnellement, KISS pour moi c’est le groupe qui a un niveau secret dans Tony Hawk Underground (voilà c’est dit). Mais donc là aussi, c’est très lié à mon enfance et à des souvenirs avec mon frère. A ce moment là, je ne souhaite rien de plus que de lui envoyer une vidéo de « Rock n roll all Nite ».

Néanmoins, l’horreur a un visage.


Rare footage of Kiss Army Member during Kiss Concert


Ecartons de suite l’argument « ça jouait bien », oui, ça jouait PAS MAL. Les mecs connaissaient leurs morceaux même si Paul Stanley a joué un morceau sur deux car trop occupé à faire le guignol/le show pardon.

On a eu droit à beaucoup (trop) de temps morts à base de « hey hoo! », « are you ready Hellfest?! » et de solos approximatifs. Je tiens à préciser que là encore, musicalement ça tenait la route MAIS, taper un solo de batterie de 5min à base de double pédale quand tu es au Hellfest, j’ai pas pu m’empêcher de gueuler un énorme « TROP LENT! ».

Dans les faits, ces (nombreux) temps morts, ont permis à certains membres du groupe d’aller faire un tour en loge, se reposer. Et c’est bien normal à leurs âges hein…

Les membres de KISS ont chaud sous leur maquillage, ça se voit…

J’aperçois les animations en fond (à base de dragons et de soucoupes volantes). Du même niveau que Kiss contre les fantômes concrètement hein.

Un déluge d’effets pyrotechniques dans tous les coins en mode « show de magie à las Vegas ». C’est chiant à MOURIR, j’ai envie de m’arracher les yeux tellement c’est mauvais, datés, de mauvais goût. Néanmoins, je reste, j’aurai mon I was made for lovin’ you et Rock n roll all Nite quoi qu’il arrive.


Show, chaud


Les combinaisons en lycra ne sont pas du meilleur effet. L’armure de Gene Simmons fait cheap au possible. On dirait un mauvais cosplay.

Paul Stanley se démène pour assurer le show, mais sa voix lorsqu’il parle est INSUPPORTABLE. Il demande à se faire appeler par la foule « Paul Paul », mais moi le seul Paul que j’appelle c’est mc cartney. Ça dure 5min et je fini par lâcher un retentissant « Mais ta gueule putain, ta gueule ». Je fais partie de ces gens chiants en concert qui gueule sur le groupe désormais, mais je n’en peux plus, c’est le point de non retour, j’ai vrillé.

Gene Simmons quant à lui, est juste gênant.

Entre 2 coups de langues, il lâche des « I like it », seule phrase qu’il prononcera du concert (c’est pas sa langue maternelle l’anglais?). Paul Stanley nous annonce la chanson Lick It Up. Le riff se lance, Gene Simmons mime une fellation, il y a décidément des choses qu’on n’a pas envie de voir…

Parenthèse : Quand on écrit une chanson comme « Lick it up » dans les années 80, ça a du sens. C’est explicite (je dois vous faire un dessin?), mais c’est rock n’ roll. Quand on chante une chanson comme ça en 2019, après me too, tout ça, on évite juste d’en faire des caisses, surtout à 69 ans quand tu n’es pas forcément au top de ton sex appeal.

Gene finit par croquer dans une capsule de faux sang pour finir de pourrir le tableau.

C’est une putain de torture. On commence à se poser la question de se barrer au bout de 20min, mais merde, ça ferait chier de pas voir rock n roll all Nite quand même…

Donc on restera jusqu’à la fin, en se plaignant tout le long, et en ayant l’impression d’être dans la salle d’attente de son dentiste, obligés de regarder Kiss Contre les fantômes, seul film que je n’ai pas réussi à finir de ma vie.


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