L’aventure Erasmus
Erasmus, programme d’échange d’étudiants européens tirant son nom de l’humaniste néerlandais, Erasme.
Pour de nombreux étudiants européens, c’est un passage obligé.
Évidemment, on vous en vante les mérites. Partir quelques mois dans un pays étranger pour découvrir de nouvelles cultures, se faire de nouveaux copains, améliorer son anglais (ou espagnol, ou allemand...), s’ouvrir à d’autres horizons et assimiler les valeurs de partage et d’égalité. Non vraiment, rien à redire.
"Tu verras, c’est une aventure incroyable".
Mais, ça ne me disait rien du tout moi Erasmus. Je suis une petite vieille qui aime son petit confort et n'aime pas vraiment le changement donc bon... Pour ne rien arranger, je ne suis pas vraiment du genre à faire des grosses fiesta boula et à aimer me frotter à des inconnus. Je ne suis bien que chez moi, seule enfermée dans ma chambre, de préférence (ou presque).
Cependant, là n’était pas la question puisque le départ était non négociable.
J'ai donc était affectée à Vaasa, petite ville du nord ouest de la Finlande.
Vaasa, sunniest city in Finland |
" Mais que diable allait-il faire dans cette galère ? "
Parlons formalités administratives tout d’abord.
Car oui, partir en Erasmus, c’est avant tout des formalités administratives (et pratiques) à effectuer.
Vous avez réussi à gérer votre affectation (partiels, notes, classement, choix de destinations suivants la langue des cours dispensés...), mais ce n’est pas fini. HAHAHAHA NON !
Tout d’abord, il faut gérer la communication entre vos 2 écoles pour l’inscription. Car oui, vous pensiez que l’administration de votre école était nulle, mais maintenant vous devez gérer 2 administrations différentes, dans des langues différentes de préférence. Pour pimenter le tout, si vous avez un peu de chance, le service international de votre école sera fermé en aout (parce que c’est les vacances bordel faut pas abuser), même si vous êtes censé faire vos formalités et partir à ce moment là. (Ça marche aussi avec les vacances de noël j’imagine).
"Mais pour ma bourse du CROUS ça marche comment du coup si je suis à l’étranger ?"
Aucune idée, personne na réussi à me faire de réponse claire quand j’ai demandé. Faites la demande. Si on vous la refuse c’est que vous n’y aviez pas droit.
Ensuite, il faut gérer sa sécurité sociale. Donc demander sa carte européenne d’assurance maladie. Faites le au plus tôt. Ça prend du temps. Vraiment.
Vous devez aussi gérer votre banque. Sans faire de pub, avec ma banque en ligne Boursorama, rien ne change pour moi et c’est plutôt merveilleux (et en plus ça coute rien).
Et puis, votre forfait de téléphone, vous y avez pensé ?
Personnellement, j’ai juste suspendu mon numéro français pour partir sur une carte prépayée en Finlande. Seulement avec internet. La communication via whatsapp marche pas mal.
Et puis j’oubliais le logement ! #Rigolol #Humour #Fifoulin
"Faites votre demande de logement meublé au plus vite au près de VOAS".
"Ah oui mais par contre, j’ai pas eu de nouvelles de mon université, donc je ne suis pas vraiment sûre de partir encore donc je vais quand même pas faire une demande de logement, ne soyons pas débiles".
Sauf que vous n’aurez pas de nouvelles de votre université. HAHAHA
Non, vous n’en aurez pas.
On pourrait penser que c’est une espèce de jeu pervers pour vous permettre d’affronter les épreuves de la vie, et oui, c’est peut être le cas, mais concrètement vous allez devoir entamer un tas de démarche sans être sur quelles vous soient utiles un jour.
Personnellement, j’ai fait ma demande une fois que j’ai eu des nouvelles de mon école. Mauvaise idée. J'ai du me débrouiller et j'ai fini avec un logement non meublé (pour 5 mois, c’est quand même pas fou).
Mais voilà, ça y est, vous y êtes presque, ne manque plus que les billets d’avion. C’est pas nouveau, c’est une tannée pour avoir des billets pas trop cher et il faut les prendre le mardi entre 2 et 5h du mat, 3 semaines avant le départ, en portant des chaussettes roses et en chantant des yodels.
Ensuite, il faut s’apprêter à partir pour 6 mois, avec seulement, 23kg. On ne se rend pas compte, mais c’est vraiment pas énorme.
Enfin, après toutes ces galères, vous voilà finalement arrivé dans le pays que vous attendiez, génial ! A moi la vie d’étudiant Erasmus, pavée de copains et de mauvais alcool. Mais en fait non. Vous avez encore un tas de formalités à effectuer sur place. Je vous laisserai découvrir ces joyeusetés par vous même, celles-ci n’étant qu'une énumération de formulaires B52 et d’imprimés 587L.
Les 12 travaux d’Hercule, le tonneau des Danaïdes, le mythe de Sisyphe, ça vous dit quelque chose ?
Les 12 travaux d’Hercule, le tonneau des Danaïdes, le mythe de Sisyphe, ça vous dit quelque chose ?
Vas-y Vaasa !
Vous l'aurez compris, mon Erasmus se passe à Vaasa.
"Ah Vaasa, comme les biscuits tout secos là". Non. Les biscuits Wasa sont suédois (you useless cunt).
Je suis partie le 19 aout à 6h40 de l’aéroport de Lyon Saint Exupery, pour aller à Paris CDG, Helsinki Vantaa, et enfin Vaasa.
WORST DAY EVER !
Oh oui, journée de merde. Je me suis levée à 4h30, je n'avais pas dormi car évidemment stressée, j'ai passé la nuit à checker mon téléphone pour être sure que mon réveil sonne, j'ai pensé à mon mec, ma famille, mes amis, mes chats, que j'allais quitter pendant 5 mois. Il y avait aussi ma peur chronique des gares ou aéroports. "Et si je me perds ? Je dois aller où ?".
Je n'ai pas pris de petit déjeuner non, impossible de manger. Arrivée à l’embarquement j'ai eu faim mais hé, dommage, pas de liquide ou de bouffe avec toi cocotte. Je stresse et demande si je dois récupérer ma valise à Paris ou Helsinki : Mais non, ça se suit bougre de conne.
Instant "coup de foudre à Nothing Hill" pour mon départ.
J'arrive à Paris, 3h à attendre. Je passe le contrôle, je cherche un café du coté obscur de la force, mais PAF, cette machine en particulier ne marche pas. Donc je prend un coca (Ah non, PEPSI en fait ! ). Pepsi qui explose gentiment sur mon t shirt préféré, qui est blanc soit dit en passant.
Envie de me trancher la gorge.
Deuxième avion. Cette fois j’espère ne pas être coté couloir, mais en fait si, coté hublot c’est cet énorme américain qui a la carrure de Teddy Rinner et doit probablement faire du MMA. Vous voyez the mountain dans Games of Thrones ?
You shall not pass, c’est ça non ? |
Un jus de myrtilles ?
J'arrive enfin à Helsinki. AAaaaah sweet sweet finland. Je sais que mon prochain vol sera le dernier (pas de ma vie hein..). Il est 15h, je n’ai pas mangé. Rien de salé à l'horizon, je me goinfre de kinder bueno et de snickers que je trouve à 2,50euros l’unité. Je reprend un Pepsi, moi aussi j’aime vivre dangereusement. J’apprends que mon vol aura un peu de retard à l’embarquement. Je pose mes fesses dans le troisième avion, coté couloir pour changer.
Et enfin, VAASA.
Une piste globalement. Jurassic park style, comme si personne n’était jamais venu, en même temps avec ce temps, je comprends. Il pleut. Je vois les petits camions récupérer les bagages, je ne vois pas mon sac mais je finis par me dire que mes soucis d’anxiété commencent vraiment à prendre des proportions inquiétantes.
Et puis, viens le moment fatidique du tapis roulant.
J'attends. Les gens récupèrent leurs valises, mais moi non.
10min passent. Et je me dis "mais il tourne en boucle ce sac là non?", et ma valise n’est toujours pas là. Au bout d'un moment on me sort plus ou moins de force de la salle "il faut partir madame, y'a rien à voir".
Rien à l'horizon effectivement.
Je remplis un papier et on me dit que ma valise a du rester à Helsinki et qu'elle arrivera très certainement avec le prochain vol dans 2h.
Rien à l'horizon effectivement.
Je remplis un papier et on me dit que ma valise a du rester à Helsinki et qu'elle arrivera très certainement avec le prochain vol dans 2h.
Ok, pas de souci, vous n'avez qu'à appeler cette finlandaise que je connais pas du tout, parce-que concrètement, moi mon téléphone, il ne marche pas.
Un étudiant vient me chercher en minibus avec d’autres gosses en échange. Quand je lui dis mon adresse il me sort un magnifique "putain mais cest où ca ?" . Woké. Tout va très bien.
On m'emmene finalement chez moi, ma colloc m’attend. Elle a l’air plutôt sympa la rital. Oh oui elle l'est. Elle ma laissé la grande chambre en plus.
Cool, mais elle est vide. Totalement.
Ce soir je dormirai par terre. Sans sac de couchage car celui-ci est dans ma valise. Je suis fatiguée, et dehors il grêle.
Moment j’ai envie de mettre fin à mes jours.
Mais je me reprends ! Il faut manger, faire des courses. Allez HOP HOP !
Envie d'une bière. Je suis dans un état d'Hypobière avancé. Sauf que, en Finlande, pour s’acheter une bière (et encore je vous parle de la mauvaise bière à 4 degrés, celle qui vous rend malade avant de vous rendre saoul), il faut faire péter son livret A. Je m'abstiens. L'eau c’est bien aussi.
Bon, je vous passe l’épisode "On rentre, il pleut, je suis trempée, j’ai pas une fringue, merci la vie".
Non franchement, ça na pas bien commencé. Notre frigo ne marchait pas à notre arrivée, les ampoules avaient été enlevées et nous avons fait la connaissance de notre voisin, très probablement alcoolique et aimant faire la fête avec des gens de tous ages, à poils ou à pelages.
Par ailleurs, pour arranger le tout, à l’heure actuelle, je suis plus ou moins incapable de marcher. Mon genou gauche n’ayant pas apprécié les 20km de marche quotidien de ces derniers jours.
J'ai aussi appris une possible énième reformation de Oasis.
"It could be worse".
Oh oui, ça pourrait être pire. Les premiers jours n'ont pas été faciles certes, mais le reste...
Nous avons finalement réussi à meubler notre appartement, tout à fait chichement d'ailleurs. Nous avons aussi réussi à nous démonter proprement la tête (enfin "nous").
A peine une semaine et j’ai déjà l’impression d’avoir trouvé des copains pour la vie. C'est assez fou. Ils ne parlent pas le français, mais ils savent dire "baguette" et retiennent mon nom à cause de la Reine des neiges, mais je les aime déjà. On se comprend. Là où je me suis souvent sentie seule en France, isolée par ma propre connerie, ici on m’encourage. On envisage de voler un bateau et de devenir des pirates qui boiraient du rhum toute la journée. On emporterait éventuellement quelques guitares. On serait bien.
Une belle bande de fifoulins, moi je vous le dis ! |
Par ailleurs, si ce n’est le coup de la vie totalement exorbitant, la Finlande est un pays tout à fait sympathique où l’on se sent proche de la nature, au calme. Après mes quelques mois à Paris, avec tout ce qui se passe en France toussa toussa, bha ça fait du bien.
Non, ce ne sont pas mes fesses. |
Pour finir, j'ai pu profiter de mes premières aurores boréales, de façon tout à fait fortuite, seule sur mon balcon, au téléphone, à minuit. Moment parfait.
To be continued.
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