Le monde merveilleux des rendez vous "agences"

Le monde merveilleux des banques d'images

Dans le monde merveilleux du marketing dans lequel j’évolue, il arrive parfois, au cours d’un moment d’égarement, qu’on fasse appel à des agences.


Faire appel à des agences, pour quoi faire ?



Il existe de nombreux types d’agences : agences de contenus, agences web, agences d’indbound marketing, agences de conseils en stratégie digitale…
Pour faire simple (j’entends déjà mes copains d’agence crier au scandale), on consulte des agences pour faire des sites internet et tout ce qui va avec (« Non ! Non ! S’il vous plait, pas le visage ! »).

Personnellement, j’exècre les agences. Pas toutes, bien entendu. Comme dirait Didier Super « y’en a des biens » (coucou les copains de La Haute Société), mais leur métier consiste, quand même, à vous faire payer bien cher des trucs que vous pourriez internaliser si vous étiez un peu moins cons/occupés.

MAIS BON PASSONS.

Parlons du bonheur d’avoir des réunions interminables avec des agences.





14h : En bon jeune cadre dynamique que tu es, tu viens de finir de déjeuner devant ton PC. Non, tu n’as pas pris de vraie pause car tu avais des choses importantes, capitales même, à terminer. Ton seul moment de répit ? 1 tweet bien senti et clivant concernant le « WauquiezGate », posté entre 2 sushis (car, malgré ton intérêt pour le régime flexitarien, et tes snickers d’un autre âge, tu es quelqu’un de drôle, et d’engagé).

Le téléphone sonne. C’est l’accueil qui te prévient qu’ « ils » sont arrivés. Une goutte de sueur perle sur ton front. Tu sais que tu seras enfermé dans une salle de réunion jusqu’à 18h, 17h47 si tout se passe bien. Les mecs de l’agence sont là. Ambiance décontractée. Petit polo propret (pour ne pas paraître négligé), tatouage obscuro-geek sur l’avant-bras, un macbook, et les dernières Nike visées aux pieds (presque les mêmes que Marty McFly dans Retour vers le Futur II). Les mecs de l’agence ont presque l’air cool. Tu les envies un peu, toi qui passe tes journées dans cet open space fleuri qui a valu à ta boite l’obtention du label « GPTW », mais à qui on a fait comprendre que « les t-shirts de Jacques Chirac et de FAUVE*, ce n’’était pas très professionnel ».

*(A la base, j’avais écrit « Superbières et José & The Wastemen », jusqu’au moment où je me suis rendue compte que ça, c’était un truc de gens cools qui bossent en agence).


Oui, tu as envie de frapper le mec de l'agence


Poignées de mains un peu gênées, tutoiement de rigueur, la réunion commence par un café.
Arrivée dans la salle : L’air est encore saturé des odeurs corporelles de toutes les personnes ultras importantes présentes lors de la réunion précédente.
Martine prend l’initiative d’ouvrir une fenêtre, on l’en remercie chaudement.

Aujourd’hui, on va discuter SEO et UX.

Pour les profanes, le SEO, c’est ce qui fait que votre site apparaît en première page (ou non) sur Google. C’est assez obscur et compliqué. En plus, ça change tout le temps.
L’UX, ou expérience utilisateur, c’est, en gros, la qualité du parcours client sur un site internet. La qualité de la navigation et de l’expérience qu’on en retire (ok, c’est encore moins clair, désolée).

Revenons à nos moutons.

Dans des réunions d’agence, il y aura toujours :


  •          Le client (et là, je parle bien de celui qui est en charge du projet pour sa boite). S’il a décidé de faire appel à une agence (et non de chercher des ressources en interne), c’est qu’il est un peu vieillissant.  En charge du projet, il est, au moins, directeur marketing. Ça sous-entend quelques années d’expérience. Il fait une attaque quand on lui parle de CMS, d’HTML ou de CSS (comme beaucoup me direz-vous), mais c’est un gars malin et sur le Figaro il a lu que l’inbound marketing et le marketing influences c’était l’avenir. Quand il a évoqué l’idée de faire/refaire un site internet, son patron l’a félicité et lui a donné une promotion dès la prononciation du mot « responsive ». Le mec est un tueur.
  •           Les accompagnant(e)s du client. En général, une fille du marketing et un « homme à tout faire », le petit génie de la boite (le mec expert SEO, qui fait des applis durant les week end et qui « doit bien s’y connaitre en informatique »). En général, le directeur marketing ramène ces deux personnes pour démontrer que « on fait peut-être appel à une agence, mais à nous, on nous la fera pas !  On a des experts des internet ». Le type n’a pas tout à fait tort, il fait bien de se faire accompagner. Les accompagnants vont pouvoir rire aux blagues mi racistes mi misogynes du chef, et lui expliquer gentiment que « Non, on ne fera pas un site internet en format A4 ».
  •       Le directeur d’agence/chef de projet, pour les gros clients. Le mec présente bien. Il a une voix qui porte. Il a monté son agence il y a maintenant 15 ans (autant dire avant tout le monde, le mec est précurseur) et son business est florissant. Malheureusement, durant les 15 dernières années, il a passé plus de temps en rendez-vous clients et en afterwork digitalo-sucage-de-teubs qu’à s’informer sur les bonnes pratiques et les dernières tendances de son métier. On ne lui en veut pas vraiment, il a le sens des priorités et « il doit faire du biz ». Il a d’ailleurs acheté 30 comptes Linkedin Sales Navigator pour les 20 commerciaux de son agence. Le type futé.
  •       Les autres gus de l’agence. Ils sont barbus, timides, mais proprets. On les présente comme « Greg, notre expert SEO/SEA/SEM » et « Fabien, notre expert inbound/lead generation, startuper aguerri, cousin de Steve Jobs ». Ce n’est pas des rigolos. Ils connaissent leur métier. Discrets, mais pas cons. Ils ont à peu près le même statut que « les accompagnants du client », ils vont empêcher que leur chef, malgré son aura digne d’un mec avec un SSI linkedin de 82, ne dise trop de bêtises.
Nous avons ici tous les acteurs d’une bonne réunion agence qui donnera lieu à des débats passionnés. Ou pas d’ailleurs. Il n’y aura de débats passionnés que si l’agence que vous avez missionnée ne se contente pas d’être une agence exécutante, mais bien aussi (et c’est « le must ») une agence qui se veut conseillère.

Personnellement, je trouve qu’il n’y a rien de plus insupportable qu’une agence qui répond « c’est comme vous voulez ».


Écoutes mec, si je fais appel à une agence, c’est que je ne sais pas ! Je n’ai pas les metrics, je n’ai pas fait d’AB testing, je ne sais pas quels sont les boutons les plus cliqués ou si, statistiquement, les visiteurs d’un site préfèrent les sliders classiques, statiques, à des sliders mobiles qui donnent la gerbe ! « I demand ! I beg ! » Aide-moi putain. Si je savais tout ça, je le ferais toute seule mon site.


Après, je comprends hein … C’est vrai que si une agence développe mon site exactement comme je veux, quand je vais me rendre compte que c’est de la merde et qu’il ne génère aucun business, je vais être obligée de refaire appel à elle. Je vais avoir un devis de 6000 euros, je vais vouloir voir si je peux pas internaliser (pour une fois), et je vais me rendre compte que c’est codé tellement n’importe comment que c’est juste impossible que j’arrive à y toucher sans l’aide de l’agence.

Je préfère donc une agence qui me dirait « Alors oui, on peut vous faire ça si vous voulez, mais statistiquement ça ne marche pas ». Simple, clair, précis. Les mecs de l’agence sont des experts, je ne les appelle pas toutes les deux minutes parcequ’il y a une 404 qui sort de nulle part, et tout le monde est content. Dans le pire des cas, je leur mets une To Do dans le Basecamp et suis l'avancement de mon projet sur Trello. Easy.

Pour conclure :

On ne dirait pas comme ça, mais j'adore mon métier. Je remercie tous mes employeurs, passés, présents et futurs, car grâce au monde merveilleux du digital, je vis des moments merveilleux. Je me souviens d'ailleurs de ce moment, pas si lointain, où le journaliste/rédacteur web, de l'agence qu'on consulte m'a fait comprendre que ma boite, c'était la COGIP. Dur moment de réalisation. Regards complices à l'idée que nous ne soyons tous les deux pas si différents, nous, fans des messages à caractère informatifs. Merci. 




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